INFORMATION • L’attribution de la gestion du Stade de France au groupe GL Events, réputé proche du président Emmanuel Macron, a déclenché un vif débat politique et judiciaire. Cette décision, officialisée en décembre, place l’entreprise lyonnaise à la tête d’une infrastructure emblématique pour les 30 prochaines années. Cependant, les révélations de Mediapart soulèvent des doutes sérieux sur l’intégrité du processus.
Une décision controversée sur fond d’appels d’offres contestés
Après avoir été géré pendant trois décennies par le consortium Vinci-Bouygues, le Stade de France change de main. Ce transfert découle d’un appel d’offres dont la transparence est désormais remise en cause. Vinci-Bouygues, écarté malgré une proposition de 400 millions d’euros pour moderniser le stade, dénonce un processus inéquitable. En comparaison, GL Events n’a engagé que 100 millions, une offre bien inférieure.
Les qualifications de GL Events pour gérer un tel équipement sont également questionnées. Spécialisée dans l’événementiel, l’entreprise n’a d’expérience notable que dans la gestion du stade Gerland à Lyon. Ce manque de références, face à l’envergure du Stade de France, alimente les doutes sur l’objectivité de la sélection.
Des liens politiques au cœur des soupçons
L’implication d’Olivier Ginon, président de GL Events, dans des cercles proches d’Emmanuel Macron est une pièce maîtresse du puzzle. Mediapart révèle que Ginon avait soutenu logistiquement la campagne présidentielle de 2017. Depuis, l’homme d’affaires a accompagné Macron lors de visites diplomatiques stratégiques, notamment au Maroc et en Arabie saoudite. Ces liens étroits jettent une ombre sur l’impartialité du processus.
De plus, le comité ayant validé l’attribution était dirigé par Pierre-Antoine Molina, délégué interministériel aux grands événements sportifs. Ce dernier, nommé peu avant l’appel d’offres, suscite des interrogations quant à son rôle dans la décision. L’exclusion apparente du ministère des Sports renforce le sentiment d’une gestion opaque et centralisée.
Une offre technique et financière critiquée
Outre les controverses politiques, l’offre technique de GL Events est loin de faire l’unanimité. Là où Vinci-Bouygues proposait une modernisation d’envergure, GL Events se concentre sur des rénovations limitées. Ce choix pourrait avoir des conséquences sur l’attractivité future du Stade de France, notamment dans la perspective des grands événements sportifs.
Un recours juridique qui pourrait tout bouleverser
Face à ces zones d’ombre, Vinci-Bouygues a saisi la justice pour contester l’attribution. Le consortium espère mettre en lumière des irrégularités et éventuellement annuler le contrat. En attendant, GL Events entame les négociations exclusives avec l’État, dans un climat de méfiance généralisée.
Ce dossier révèle une gestion des infrastructures publiques où les intérêts politiques et économiques semblent se mêler dangereusement. L’enquête de Mediapart, en dévoilant ces connexions troublantes, soulève une question essentielle : la transparence des institutions françaises est-elle sacrifiée sur l’autel des intérêts privés ?