INFORMATION • Les syndicats du secteur hospitalier français montent au créneau face à un budget 2025 jugé insuffisant pour répondre aux besoins du système de santé. Dans un communiqué commun, les sections santé de la CGT, Force ouvrière, Sud Solidaires et l’Unsa dénoncent « une réduction excessive » des moyens alloués à la Sécurité sociale, qualifiant ce nouveau budget de « restriction de trop ». Pour ces organisations syndicales, les mesures présentées par le gouvernement ne permettent pas de maintenir à flot un secteur déjà en grande difficulté.
Le jeudi 12 octobre 2024, le gouvernement a dévoilé les grandes lignes du budget 2025 pour la Sécurité sociale. Ce dernier vise à réduire le déficit à 16 milliards d’euros, contre 18 milliards en 2024, tout en limitant la hausse des dépenses de santé. L’objectif national des dépenses d’assurance maladie (Ondam) sera ainsi plafonné à +2,8% en 2025, après avoir été fixé à 3,3% pour 2024. Ces chiffres inquiètent les syndicats, qui craignent que ce resserrement budgétaire ne suffise pas à compenser les besoins croissants d’un système de santé sous pression.
Des dépenses de santé en constante augmentation
Chaque année, les dépenses de santé augmentent inexorablement sous l’effet de facteurs multiples, tels que l’inflation, le vieillissement de la population et la recrudescence des maladies chroniques. Face à cette tendance lourde, l’enveloppe budgétaire dédiée à l’hôpital bénéficiera d’une hausse de 3,1%. Cependant, cette augmentation est perçue par la Fédération des hôpitaux de France (FHF) comme une « hausse en trompe-l’œil ». En effet, une part importante de cette augmentation sera absorbée par la hausse des cotisations retraite versées par les établissements de santé, estimée à environ un milliard d’euros.
Ainsi, pour les représentants des établissements de santé, cette augmentation du budget hospitalier ne reflète pas une réelle amélioration des moyens disponibles pour répondre aux besoins des patients. Ils estiment que ces ajustements budgétaires ne permettront pas de faire face aux défis actuels auxquels est confronté le secteur, en particulier avec un personnel épuisé et des infrastructures vieillissantes.
Un système de santé en danger : le cri d’alarme des syndicats
Les annonces faites par le gouvernement ont suscité une vive réaction de la part des syndicats. Pour eux, ces nouvelles restrictions budgétaires marquent un tournant dans la gestion du système de santé français. « C’est le glas du système de santé à la française », déclarent-ils. Pour la CGT, Force ouvrière, Sud Solidaires et l’Unsa, « le compte n’y est pas » et il s’agit clairement d’un énième « coup de rabot » qui risque d’aggraver la situation déjà fragile des hôpitaux et des services de santé publics.
Face à cette situation alarmante, les syndicats appellent à une journée nationale de grève et de mobilisation le 29 octobre. Ils veulent ainsi faire entendre les revendications des pressionnels de la santé, des établissements hospitaliers, mais aussi des secteurs sociaux et médico-sociaux. Ces derniers, eux aussi affectés par les restrictions budgétaires, dénoncent une dégradation progressive des conditions de travail et des services ferts aux usagers. Pour les syndicats, il est urgent que le gouvernement réévalue ses priorités budgétaires et qu’il mette en place un « plan Marshall pour la santé » avec un objectif d’augmenter le budget à 10% du PIB.
Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale sous le feu des critiques
Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2025, qui a pour but de réduire les déficits, est fortement critiqué par les syndicats, mais aussi par les acteurs de la santé. L’Unsa a publié un communiqué dans lequel elle déplore que ce projet « creuse les inégalités » et « dégrade les droits des assurés sociaux ». Ce sentiment est partagé par de nombreux observateurs qui pointent du doigt les répercussions sociales et économiques des mesures d’austérité envisagées par le gouvernement.
Parmi ces mesures, certaines inquiètent particulièrement. Le gouvernement prévoit de transférer une part plus importante du remboursement des consultations médicales aux complémentaires santé, ce qui pourrait entraîner une hausse des coûts pour les patients les plus précaires. De plus, le plafond des indemnités perçues en cas d’arrêt maladie pourrait être abaissé, et la revalorisation annuelle des pensions pourrait être décalée de six mois. Ces mesures visent à économiser plusieurs milliards d’euros, mais, pour les syndicats, elles ne feront qu’augmenter les inégalités et pousser de nombreux Français à renoncer aux soins.
Un budget d’austérité qui risque d’aggraver les inégalités
Le syndicat Solidaires est également monté au créneau en dénonçant ce qu’il considère comme un « budget d’austérité ». Pour eux, les mesures proposées risquent non seulement de fragiliser davantage les établissements de santé, mais aussi d’accentuer les disparités entre les citoyens. En reportant la revalorisation des pensions et en réduisant les remboursements des consultations médicales, le gouvernement risque d’aggraver le renoncement aux soins, un phénomène déjà préoccupant en France, notamment chez les populations les plus vulnérables.
Les syndicats exigent donc un changement radical de cap. Ils appellent à une mobilisation massive pour défendre un modèle de santé qui soit à la fois accessible et de qualité pour tous. La journée de grève du 29 octobre sera un moment clé pour tenter d’infléchir la politique du gouvernement et d’obtenir des mesures budgétaires plus en adéquation avec les réalités du terrain.
Les syndicats du secteur hospitalier et des services sociaux appellent à une mobilisation nationale face à un budget 2025 de la Sécurité sociale jugé insuffisant. Ils dénoncent une austérité qui menace la santé publique et accentue les inégalités, et réclament un plan d’investissement massif pour sauver le système de santé français.