Un plan budgétaire d’austérité face à un déficit inquiétant

Picture of Tony HOUDEVILLE
Tony HOUDEVILLE

Rédacteur web

Sommaire

INFORMATION • Jeudi dernier, le gouvernement a dévoilé un nouveau plan financier visant à restaurer les finances publiques françaises, qui se trouvent dans une situation particulièrement préoccupante. Ce plan d’austérité a pour objectif de réaliser des économies budgétaires importantes afin de renflouer les caisses de l’État. Toutefois, de nombreux experts craignent que ces mesures ne risquent de fragiliser encore davantage l’économie nationale, déjà sous pression.

Face à la gestion jugée inefficace du précédent exécutif, marquée par une chute notable des recettes fiscales, le gouvernement actuel, dirigé par Michel Barnier, s’apprête à mettre en œuvre, dès 2025, une série de réformes drastiques. L’objectif : réduire considérablement les dépenses publiques pour contenir un déficit devenu difficilement contrôlable.

Un déficit public en forte hausse

Lors de la présentation du budget pour l’année 2025, les ministres des Finances, Laurent Saint-Martin et Antoine Armand, ont dressé un constat alarmant : le déficit public français atteindrait 6,1 % du PIB en 2024, bien au-delà des prévisions initiales de 4,4 %. Pire encore, si aucune mesure supplémentaire n’est adoptée, ce chiffre pourrait s’élever à 6,9 % en 2025.

Pour éviter cette dérive, le gouvernement a fixé une nouvelle cible : ramener le déficit à 5 % du PIB en 2025. Un objectif qui passe par un effort budgétaire colossal, estimé à 60 milliards d’euros d’économies, dont la majeure partie repose sur des coupes franches dans les dépenses publiques. Il s’agirait de l’une des plus grandes réductions budgétaires en dehors des périodes de crise.

Des coupes budgétaires massives

Afin de dégager les 60 milliards d’euros nécessaires, le gouvernement Barnier prévoit de réduire de manière significative les budgets de plusieurs secteurs. Ces coupes, qualifiées de « draconiennes », s’étendent à des domaines clés tels que l’éducation, l’écologie, le travail et l’emploi. En 2025, environ 4 000 postes d’enseignants devraient ainsi être supprimés, une mesure qui inquiète bon nombre de syndicats et d’observateurs.

De plus, certaines aides à la transition écologique, comme le fonds vert destiné aux collectivités locales, seront également fortement réduites. Cette stratégie, bien que nécessaire pour redresser les finances, est décriée par de nombreux experts économiques. Anne-Laure Delatte, économiste et directrice de recherche au CNRS, a ainsi exprimé ses craintes quant à l’impact négatif de ces mesures sur la croissance économique. Elle estime que le choc budgétaire pourrait entraîner une contraction du PIB de 0,6 % à 1 % dès l’année prochaine.

Une prévision de croissance jugée trop optimiste

Malgré les mises en garde, le gouvernement semble sous-estimer les risques de récession liés à cette politique d’austérité. Dans ses prévisions, il maintient une estimation de croissance de 1,1 % pour 2025, soit le même niveau qu’en 2024. Toutefois, le Haut Conseil des finances publiques a émis des doutes sur la viabilité de ce scénario, qu’il juge « optimiste ». Selon cet organisme, un tel ajustement budgétaire risquerait d’impacter davantage la croissance que ce que le gouvernement anticipe, ce qui pourrait entraîner une nouvelle baisse des recettes fiscales.

Ce décalage entre les prévisions gouvernementales et les avis d’experts soulève de nombreuses interrogations quant à la capacité de la France à redresser ses finances publiques sans compromettre sa croissance économique à court terme.

Des hausses d’impôts pour compléter les économies

Outre les réductions budgétaires, le gouvernement prévoit d’introduire des hausses d’impôts ciblées pour 2025, totalisant 19,4 milliards d’euros. Ces augmentations concerneront principalement les grandes entreprises et les foyers les plus aisés. Par exemple, l’impôt sur les sociétés sera temporairement relevé pour les entreprises réalisant plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires, tandis qu’une surtaxe exceptionnelle frappera les revenus dépassant 500 000 euros pour un couple.

Ces hausses fiscales visent à compléter les économies réalisées par la réduction des dépenses publiques, mais elles pourraient également freiner l’investissement et la consommation, deux moteurs essentiels de la reprise économique. Toutefois, le gouvernement assure que ces augmentations seront « exceptionnelles et temporaires », avec un retour à la normale prévu après 2026.

Des discussions parlementaires sous haute tension

Les discussions budgétaires sur ces mesures d’austérité débuteront au Parlement le 21 octobre prochain. Cependant, le chemin vers l’adoption de ce budget s’annonce semé d’embûches. Le plan du gouvernement est perçu comme trop sévère sur les coupes budgétaires et trop limité sur les hausses fiscales pour convaincre une large majorité.

À gauche, le Nouveau Front populaire (NFP) a déjà proposé un contre-budget, appelant à une taxation plus importante des plus hauts revenus et des grandes fortunes, notamment via le rétablissement d’un impôt de solidarité sur la fortune (ISF) climatique. Ces propositions, bien que soutenues par une partie de l’opinion publique, risquent de se heurter à l’inflexibilité de l’exécutif.

Le spectre du 49-3 plane sur le budget

Avec une majorité parlementaire fragile, il est probable que le gouvernement ait recours à l’article 49-3 de la Constitution pour faire passer son budget en force, sans vote. Ce mécanisme permettrait d’adopter le projet de loi malgré l’opposition croissante au sein de l’hémicycle. Toutefois, cette option pourrait entraîner le dépôt de motions de censure, ce qui rendrait la situation encore plus instable.

Le vote sur les recettes du budget est prévu pour le 29 octobre, seulement deux jours avant que le Rassemblement national (RN) ne présente sa proposition d’abrogation de la réforme des retraites de 2023. L’opposition entre les partis politiques et la majorité promet de rendre cette fin de mois d’octobre particulièrement agitée sur le plan parlementaire.

En somme, le projet de budget 2025 met en lumière les défis économiques majeurs auxquels la France est confrontée, entre la nécessité de rétablir ses finances publiques et les risques d’asphyxier son économie.

[Offre d'abonnement]

1,99€*

* Accès à tous les articles de PANORAMAG
par renouvellement mensuel

Facebook
WhatsApp
X Twitter
LinkedIn
Email