Quarante ans de trahison : le Parti socialiste au service de la bourgeoisie

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Tony HOUDEVILLE

Rédacteur web

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OPINION • Le gouvernement de François Bayrou a évité une motion de censure déposée par La France Insoumise grâce à des promesses adressées aux parlementaires socialistes. Parmi celles-ci figurent l’abandon du passage de un à trois jours de carence pour les arrêts maladie dans la fonction publique, l’extension du prêt à taux zéro à l’achat de logements neufs dans toute la France, ainsi que le maintien d’une « contribution différentielle sur les hauts revenus » dans le projet de loi de finances 2025. Ces annonces ont suffi pour obtenir l’appui ou la neutralité du Parti socialiste, qui n’a pas voté massivement la motion.

En s’abstenant de soutenir la censure, le Parti socialiste a permis au gouvernement de François Bayrou de poursuivre une politique qualifiée de proche de celle d’Emmanuel Macron, jugée favorable aux classes aisées. Ce choix a provoqué des tensions dans les rangs de la gauche, certains y voyant une nouvelle concession aux intérêts des classes dominantes.

Le précédent François Mitterrand : concessions et tournant de la rigueur

Après son élection en 1981, François Mitterrand initia une série de réformes sociales, telles que l’abaissement de l’âge de la retraite à 60 ans et la hausse du SMIC. Ces mesures, bien qu’importantes, furent rapidement financées par des augmentations des tarifs publics et des taxes, pesant sur les classes populaires.

La nationalisation de plusieurs entreprises marqua également son début de mandat. Cependant, ces nationalisations furent accompagnées de larges indemnisations pour les actionnaires, permettant à ces derniers de spéculer sur les marchés financiers. Cette approche favorisa la « réconciliation du socialisme avec la Bourse », selon les termes du ministre Pierre Bérégovoy.

En juin 1982, le gouvernement annonça une pause dans les réformes sociales. L’année suivante, un « tournant de la rigueur » fut décrété, marquant un arrêt brutal des mesures en faveur des travailleurs. Les salaires furent gelés, l’indexation des salaires sur les prix supprimée, et un forfait hospitalier instauré. Ces décisions, prises dans un contexte de chômage croissant, furent perçues comme une trahison des électeurs de gauche.

François Hollande : un mandat marqué par des réformes contestées

Élu en 2012, François Hollande avait suscité un fort espoir parmi les électeurs de gauche avec son discours du Bourget, déclarant que la finance était son principal adversaire. Cependant, son mandat fut marqué par des réformes qui tranchèrent radicalement avec ces engagements.

La loi travail de 2016, adoptée sous le gouvernement de Manuel Valls, symbolisa ce revirement. Elle facilita les licenciements et introduisit des dérogations au Code du travail, suscitant une forte opposition syndicale et populaire. Par ailleurs, le CICE (Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) transféra des milliards d’euros des finances publiques aux entreprises, sans conditions strictes de création d’emplois.

Ces politiques entraînèrent une perte de confiance des électeurs de gauche envers François Hollande et le Parti socialiste, contribuant à l’effondrement électoral du PS en 2017.

Manuel Valls : répression sociale et alignement libéral

Manuel Valls, nommé Premier ministre en 2014, poursuivit une politique de réformes économiques et sociales alignées sur les attentes du patronat. La répression des mouvements sociaux devint une constante de son mandat, notamment lors des manifestations contre la loi travail.

En politique intérieure, il adopta des positions sécuritaires et controversées, comme l’expulsion de Leonarda Dibrani en 2013, qui marqua les esprits par sa brutalité. Manuel Valls s’illustra également par ses déclarations sur les Roms, alimentant les polémiques et divisant l’opinion publique.

Une continuité de trahisons au sein du Parti socialiste

De François Mitterrand à François Hollande, en passant par Manuel Valls, le Parti socialiste a souvent été accusé de ne pas respecter les attentes de ses électeurs. Cette continuité de choix politiques perçus comme des trahisons a conduit à l’effondrement du PS, autrefois parti dominant de la gauche.

Les décisions récentes, notamment le refus de voter la motion de censure contre François Bayrou, s’inscrivent dans cette même logique. Pour une partie de la gauche, elles renforcent l’idée que le Parti socialiste reste un acteur politique prioritairement préoccupé par sa survie institutionnelle, quitte à sacrifier les principes qu’il prétend défendre.

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