« OSS 117 » : En pleine crise politique, Macron se balade en Arabie Saoudite, lunettes de soleil sur le nez !

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Tony HOUDEVILLE

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OPINION • Ce 4 décembre 2024 restera une date marquante pour la République française. Alors que le gouvernement, à peine constitué il y a trois mois, risque d’être censuré par l’Assemblée nationale à cause de l’utilisation controversée de l’article 49.3 pour imposer un budget d’austérité, Emmanuel Macron, lui, est à des milliers de kilomètres, en Arabie saoudite. Entre paysages désertiques et discussions touristiques, cette escapade présidentielle suscite colère et incompréhension en pleine crise politique.

Une « séquence tourisme » qui choque

À Al-Ula, au milieu des vestiges nabatéens et sous un soleil de plomb, Emmanuel Macron arpente la cité d’Hégra, lunettes de soleil vissées sur le nez. Ce décor, à la fois historique et lunaire, contraste violemment avec l’effervescence qui règne à Paris. Alors que le gouvernement de Michel Barnier est sur le point de tomber, le Président semble indifférent, s’intéressant davantage aux alphabets des Nabatéens qu’au sort de son propre exécutif. Ce choix d’honorer jusqu’au bout une visite d’État, malgré l’imminence de la crise, est perçu par beaucoup comme un geste désinvolte, voire provocateur.

Sur les réseaux sociaux, les critiques fusent. Les images du président, détendu en chemise blanche au milieu des dunes, ont inspiré de nombreuses comparaisons avec Jean Dujardin dans le rôle de l’agent OSS 117, un personnage célèbre pour son arrogance et son décalage avec les réalités. Loin d’apaiser les tensions, cette mise en scène alimente le sentiment d’un président déconnecté, préférant le faste des réceptions saoudiennes à l’urgence des débats parlementaires.

L’économie, prétexte d’une escapade controversée

Officiellement, la visite d’Emmanuel Macron en Arabie saoudite s’inscrit dans un cadre économique. La France coparticipe à un projet touristique pharaonique de 20 milliards de dollars, en partenariat avec le prince héritier Mohammed ben Salmane. Ce mégaprojet est présenté comme stratégique pour les relations franco-saoudiennes et pour l’industrie touristique. Mais dans le contexte actuel, cet argument sonne creux pour une partie de la population française.

Comment justifier un tel déplacement alors que le pays traverse une crise politique et sociale sans précédent ? Macron, qui avait pourtant plaidé pour la sobriété budgétaire en imposant un budget qualifié de « punitif » par ses opposants, semble appliquer des règles bien différentes à sa propre diplomatie. La symbolique d’un président dégustant des spécialités locales sous les applaudissements d’une garde royale saoudienne contraste durement avec les réalités économiques des Français, étranglés par les mesures d’austérité.

Une crise politique ignorée

À Paris, l’ambiance est tout autre. Michel Barnier, déjà fragilisé par une opposition de plus en plus unie, sait que son gouvernement est sur le point de tomber. La motion de censure, déposée conjointement par la gauche et le Rassemblement national, a de fortes chances d’être adoptée, marquant un moment historique : la chute d’un gouvernement en raison d’un rejet populaire massif. Pourtant, Emmanuel Macron, qui a pourtant théoriquement la responsabilité ultime de garantir la stabilité politique, semble reléguer cette urgence au second plan.

Lors d’échanges informels avec des journalistes à bord de son avion, le président a affirmé qu’il ne croyait pas au vote d’une censure et a préféré accuser ses opposants politiques de cynisme et d’irresponsabilité. Cette attitude, perçue comme hautaine et détachée, n’a fait qu’attiser les critiques, certains pointant du doigt son incapacité à assumer les conséquences de la dissolution de l’Assemblée qu’il avait lui-même initiée en juin dernier.

Une colère populaire en pleine ébullition

Le contraste entre la gravité de la situation à Paris et la légèreté apparente de la visite présidentielle a réveillé une colère déjà bien ancrée chez les Français. Depuis les Gilets jaunes jusqu’à la gestion des réformes impopulaires, Emmanuel Macron traîne une image de président des riches, insensible aux souffrances des plus modestes. Cette escapade saoudienne ne fait que renforcer ce ressenti. Pour beaucoup, elle symbolise une fuite face aux responsabilités, un mépris pour les préoccupations des citoyens.

D’autant plus que cette crise budgétaire n’est pas anodine. Si le gouvernement Barnier est censuré, le processus pour constituer un nouveau cabinet s’annonce laborieux, et le spectre d’un blocage institutionnel plane sur le pays. En marge de cela, les marchés financiers scrutent les événements avec inquiétude, alors que les appels à une « loi spéciale » pour maintenir l’État à flot se multiplient. Le président, qui aime se positionner en arbitre au-dessus des partis, risque cette fois d’être rattrapé par sa propre inaction.

Une présidence à la dérive

Cette nouvelle controverse ne fait qu’aggraver une popularité déjà en chute libre. Selon les récents sondages, Emmanuel Macron atteint des niveaux de désaveu comparables à ceux enregistrés lors de la crise des Gilets jaunes. Sa gestion jugée chaotique de la dissolution de l’Assemblée, ses choix économiques controversés et son éloignement des réalités populaires nourrissent une défiance grandissante.

En refusant de rentrer immédiatement à Paris pour affronter la crise de front, le président envoie un message clair : la politique spectacle et les relations internationales priment sur les besoins urgents du pays. Mais ce calcul pourrait s’avérer désastreux, car il renforce le sentiment d’un pouvoir déconnecté, davantage préoccupé par les grandes mises en scène que par la gestion concrète de la République.

En Arabie saoudite, Emmanuel Macron aura peut-être admiré les vestiges d’une civilisation passée, mais à Paris, c’est sa propre présidence qui semble s’effriter, lentement mais sûrement, sous les coups d’une colère populaire grandissante.

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