Malgré la chute du gouvernement, Macron ne renoncera pas à sa politique en faveur des riches

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Tony HOUDEVILLE

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OPINION • La censure ayant conduit à la chute du gouvernement Barnier n’a pas ébranlé la détermination d’Emmanuel Macron. Le président reste inflexible, engagé dans une politique qui favorise ouvertement les intérêts des plus fortunés. Cet événement, loin d’incarner une rupture, ne fait que confirmer une ligne directrice amorcée dès 2017, où la priorité donnée aux très riches l’emporte systématiquement sur les préoccupations des classes populaires et moyennes.

Une stratégie rigide malgré la crise

La motion de censure de ce mercredi 4 décembre, ayant précipité la fin du gouvernement Barnier, reflète un rejet croissant de la politique présidentielle. Pourtant, Emmanuel Macron, bien que confronté à une crise institutionnelle majeure, ne montre aucun signe de fléchissement. Sa réaction face à la chute de son Premier ministre illustre une stratégie centrée sur le maintien du cap, indépendamment des turbulences politiques.

Ce choix révèle une constance troublante : refuser de considérer les signaux d’alarme, même lorsque ceux-ci sont massifs. En continuant à promouvoir une politique axée sur la réduction des impôts pour les plus aisés et la compression des dépenses publiques affectant les plus fragiles, Macron persiste à défendre des mesures qui creusent les inégalités. Pour lui, la chute de Barnier n’est qu’un obstacle temporaire dans une route tracée en faveur des élites économiques.

L’obsession de protéger les intérêts des plus riches

Depuis le début de son mandat, Macron s’est distingué par des choix budgétaires et fiscaux favorisant les plus fortunés. La suppression de l’impôt sur la fortune (ISF) en est le symbole le plus marquant. Malgré des critiques répétées et des études démontrant son inefficacité à stimuler l’investissement productif, le président refuse de revenir sur cette décision. Cette obstination reflète une vision où les inégalités économiques sont perçues comme un moteur de croissance, plutôt qu’un danger pour la cohésion sociale.

La chute du gouvernement Barnier aurait pu être l’occasion pour Emmanuel Macron de réajuster sa politique. Cependant, son isolement croissant au sein de l’exécutif ne l’a pas incité à prendre en compte les aspirations populaires. Au contraire, il semble utiliser cette crise pour renforcer son emprise sur l’État et consolider un projet économique centré sur les grandes fortunes et les marchés financiers.

Un avenir verrouillé : recentrage sur les fidèles

Face aux défis politiques, Emmanuel Macron semble recentrer l’exécutif autour de ses alliés les plus proches. Des figures comme François Bayrou ou Sébastien Lecornu, réputées pour leur loyauté et leur compatibilité avec sa vision présidentielle, émergent comme candidats potentiels pour Matignon. Cette stratégie vise à renforcer la cohérence interne du pouvoir, écartant toute initiative de coalition ou d’ouverture à d’autres sensibilités politiques.

Ce choix, bien que cohérent avec la méthode habituelle de Macron, alimente les critiques sur une gestion du pouvoir perçue comme solitaire. En s’appuyant sur un cercle restreint, le président cherche à stabiliser l’exécutif tout en évitant de céder à des concessions idéologiques ou programmatiques. Une telle posture risque néanmoins de creuser davantage les divisions politiques, déjà accentuées par la censure du gouvernement Barnier.

Une fracture politique et institutionnelle

La crise actuelle met en lumière les limites du système de gouvernance centralisé qui caractérise le mandat d’Emmanuel Macron. En refusant de négocier ou d’élargir sa base de soutien politique, le président expose l’exécutif à un isolement croissant. Les appels à un dialogue plus inclusif, émanant de divers acteurs politiques, n’ont pas trouvé d’écho à l’Élysée, renforçant l’idée d’une présidence déconnectée des aspirations de la classe politique comme des citoyens.

Cette situation met également en lumière les tensions croissantes entre les institutions et les attentes démocratiques. La censure du gouvernement Barnier reflète une défiance profonde envers l’exécutif et risque de créer un climat d’instabilité, tout en compliquant la mise en œuvre des réformes souhaitées par Macron, notamment sur le plan budgétaire.

Une gouvernance à un tournant

Pour Emmanuel Macron, cette crise représente bien plus qu’un défi : elle met en lumière les limites de son pouvoir dans un système démocratique où il ne dispose plus d’une majorité à l’Assemblée nationale. La motion de censure votée contre le gouvernement Barnier, résultat d’un rejet profond de sa politique, aurait dû inciter le chef de l’État à remettre en question sa position. En l’absence de soutien clair au sein du Parlement, le maintien de Macron à la tête de l’exécutif pose la question de sa légitimité.

Au lieu de considérer cette crise comme une occasion d’ouvrir un dialogue ou de proposer un changement de cap, le président choisit de se recentrer sur son cercle de fidèles, misant sur une stratégie qui refuse tout compromis. Ce choix, qui lui permet de préserver temporairement une certaine cohérence dans l’exécutif, risque néanmoins de creuser davantage les divisions politiques et de renforcer les critiques sur son exercice solitaire du pouvoir.

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