Le gouvernement veut vous faire travailler 7h gratuitement

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Tony HOUDEVILLE

Rédacteur web

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INFORMATION • Le gouvernement a relancé l’idée de faire travailler les Français 7 heures de plus par an sans rémunération. Cette mesure, présentée par la ministre du Travail Catherine Vautrin et la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin, vise à générer 2 milliards d’euros pour financer le secteur de l’autonomie. Les fonds seraient utilisés pour les Ehpad et le financement de la dépendance, en complément des dépenses sociales existantes.

La proposition reprend le modèle de la journée de solidarité instaurée en 2004, qui avait permis de récolter 3,2 milliards d’euros en 2023 selon la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA). À l’époque, cette journée avait été dédiée aux personnes âgées et handicapées.

Un projet déjà débattu et rejeté

Cette initiative n’est pas nouvelle. À l’automne dernier, elle avait été votée par le Sénat dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Cependant, l’Assemblée nationale l’avait rejetée. Aujourd’hui, la censure du précédent gouvernement a relancé le débat. Les ministres souhaitent que le Parlement se prononce à nouveau sur cette mesure, bien que les oppositions soient nombreuses.

Les défenseurs de cette mesure soulignent qu’elle équivaudrait à seulement 10 minutes de travail supplémentaire par semaine. Selon eux, elle offrirait une solution efficace pour réduire le déficit de la Sécurité sociale tout en répondant aux besoins croissants de financement des dépenses sociales. En revanche, les opposants considèrent cet argument comme aberrant, dénonçant une profonde injustice. Ils estiment qu’imposer du travail gratuit à des salariés déjà confrontés à des difficultés pour subvenir aux besoins de leur famille constitue une forme de mépris inadmissible.

Une opposition marquée au sein du Parlement

La mesure rencontre une forte opposition de la part de plusieurs groupes politiques. La gauche et le Rassemblement national s’y opposent fermement, qualifiant cette proposition de « casus belli ». Même au sein de la droite, les avis divergent, bien que le Sénat, dominé par les conservateurs, ait initialement soutenu le projet.

Par ailleurs, des voix au sein de la société civile soulignent les difficultés pratiques de la mise en œuvre. Certains craignent que cette journée de travail supplémentaire soit perçue comme une baisse indirecte de salaire, notamment pour les métiers physiques ou à faible rémunération. Pour rendre la mesure plus acceptable, des propositions d’étalement des heures sur plusieurs semaines ont été évoquées.

Une piste alternative : taxer les hauts revenus

L’idée de financer la dépendance par d’autres moyens est régulièrement avancée. Plusieurs acteurs, dont des syndicats et des économistes, plaident pour une taxation accrue des hauts revenus. Ils estiment que cette solution serait plus équitable, car elle éviterait de pénaliser les salariés aux revenus modestes ou les entreprises déjà fragilisées.

Le débat reste donc ouvert, avec une question centrale : qui doit contribuer en priorité au financement des dépenses publiques croissantes ? Les discussions à l’Assemblée nationale s’annoncent déterminantes pour l’avenir de cette proposition.

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