Échauffourée en pleine séance : la Macronie refuse l’abrogation de la retraite à 64 ans

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Tony HOUDEVILLE

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INFORMATION • La tentative de La France insoumise (LFI) et des forces de gauche d’abroger la réforme des retraites à 64 ans a connu un revers cuisant ce jeudi 28 novembre. En dépit de leur majorité numérique et d’un soutien populaire manifeste, les députés de l’opposition n’ont pas pu faire voter leur proposition de loi, paralysée par les manœuvres dilatoires orchestrées par le camp présidentiel. Une journée houleuse qui illustre l’impasse démocratique dans laquelle s’enfonce la Ve République.

Une obstruction organisée pour étouffer le débat

Les députés macronistes et leurs alliés ont mobilisé une stratégie bien connue pour bloquer tout vote : l’obstruction parlementaire. Des centaines d’amendements ont été déposés, accompagnés de demandes incessantes de suspensions de séance et de prises de parole futiles. Une mécanique qui, sous couvert de légalité, vise à détourner le fonctionnement démocratique pour échapper au débat de fond.

Cette tactique, bien que légale, a suscité l’indignation des élus de gauche, à commencer par Ugo Bernalicis (LFI), qui a dénoncé une « destruction définitive » du concept de niche parlementaire. Même Marine Le Pen, cheffe du Rassemblement national (RN), a accusé la majorité présidentielle de porter un « bras d’honneur au débat démocratique ». Mais derrière ces accusations, c’est un modèle institutionnel tout entier qui semble vaciller, incapable d’assurer un fonctionnement équitable et transparent.

Une victoire symbolique pour la gauche

Malgré les entraves, les partisans de l’abrogation ont enregistré une victoire symbolique en fin d’après-midi en repoussant, par 241 voix contre 100, des amendements visant à vider le texte de sa substance. Une défaite humiliante pour le camp présidentiel, qui démontre l’isolement croissant d’Emmanuel Macron et de sa majorité.

Pour Clémence Guetté, députée LFI, cette déroute symbolise un rejet massif de la réforme dans l’Assemblée et dans le pays. « Il y a une majorité pour l’abrogation », a-t-elle affirmé, galvanisant les espoirs d’une revanche prochaine lors du vote de censure programmé mercredi prochain.

Des débats sous tension et des incidents révélateurs

La journée a été marquée par une escalade de tensions dans l’hémicycle, atteignant son paroxysme lors d’un incident impliquant le député MoDem Nicolas Turquois. Visiblement exaspéré, ce dernier a accusé un collègue d’être à l’origine des menaces reçues par sa famille, avant de s’approcher de lui de manière menaçante. L’intervention des huissiers et du président du groupe MoDem a finalement permis d’éviter une altercation physique.

Cet épisode reflète l’état de nervosité extrême qui règne au sein de l’Assemblée nationale, où la colère et le ressentiment semblent avoir remplacé le dialogue constructif. Loin de redorer l’image du Parlement, ces scènes renforcent le sentiment de méfiance et de désillusion d’une grande partie de la population envers ses institutions.

Une opposition déterminée face à un gouvernement affaibli

En dépit de cet échec, les députés insoumis et leurs alliés restent combatifs. « La macronie est finie », a déclaré Mathilde Panot, cheffe de file des députés LFI, promettant une motion de censure qui, selon elle, pourrait faire tomber le gouvernement Barnier et ouvrir la voie à l’abrogation de la réforme. Si ce scénario repose sur un hypothétique soutien du RN, il témoigne néanmoins de l’état de fragilité extrême du gouvernement, contraint de négocier avec l’extrême droite pour maintenir son pouvoir.

L’ancien candidat à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon n’a pas manqué de souligner l’ironie de la situation, qualifiant la journée de « débandade » pour le camp présidentiel. Appelant à la mobilisation populaire, il a affirmé que les Insoumis étaient prêts à poursuivre la lutte, non seulement dans l’hémicycle, mais aussi dans la rue.

La réforme des retraites, symbole d’un pouvoir déconnecté

Ce nouvel épisode dans la bataille autour de la réforme des retraites illustre les dérives d’un système politique incapable de répondre aux attentes des citoyens. L’obstruction gouvernementale, dénoncée par Mélenchon comme une « faillite morale », ne fait que creuser le fossé entre les élus et la population.

Si les Insoumis espèrent obtenir gain de cause lors de la motion de censure, une question demeure : cette crise parlementaire, doublée d’un rejet populaire massif, marquera-t-elle le début de la fin pour un pouvoir de plus en plus isolé ? Ou la résignation des institutions continuera-t-elle de servir d’écran à un gouvernement en chute libre ?

Seule une mobilisation populaire massive, conjuguée à une stratégie unitaire de la gauche, pourra transformer cette colère en changement concret. Mais comme l’a rappelé la militante Martine Billard : « Le risque, c’est que tout ça dégoûte les gens de tout. » Une mise en garde à ne pas prendre à la légère dans un contexte de crise démocratique sans précédent.

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