OPINION • Invité de l’émission « C l’hebdo » sur France 5, ce samedi 14 décembre, l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin s’est livré à une critique sans concession de la présidence d’Emmanuel Macron. Ses propos, marqués par une gravité inhabituelle, ont notamment porté sur les « dégâts » qu’il attribue à la politique et à la conduite du chef de l’État, ainsi qu’à la place de la France sur la scène internationale.
Dominique de Villepin a dénoncé une présidence qu’il juge déficiente dans sa capacité à représenter et à défendre les intérêts du pays. Il a notamment déclaré : « La question de la démission du président se pose déjà, même si c’est une mauvaise idée de la poser aujourd’hui. (…) Le coût pour la France et pour les Français est tel que le président devra à un moment assumer ses pertes. » Ces déclarations ont été accompagnées d’un constat sévère sur l’image de la France, qu’il estime en déclin à l’international.
Une présidence critiquée pour son absence d’impact international
Pour Dominique de Villepin, la politique menée par Emmanuel Macron aurait entraîné un effacement progressif de la France sur la scène mondiale. « Nous voyons notre pays s’effacer de la carte internationale. (…) Nous ne comptons pas dans les changements majeurs en Europe, en Ukraine, au Moyen-Orient, » a-t-il affirmé. Il a également reproché au président de privilégier des opérations de communication symboliques, comme la réouverture de Notre-Dame, au détriment d’une stratégie diplomatique efficace.
Cette critique s’inscrit dans un contexte où la politique étrangère française fait régulièrement l’objet de débats, notamment concernant sa position sur les grands conflits internationaux. Dominique de Villepin a tenu à souligner ce qu’il considère comme un manque de vision et de leadership dans ces domaines.
Une échéance cruciale pour Emmanuel Macron en juin 2024
Au cours de l’émission, Dominique de Villepin a mis en avant le mois de juin prochain comme un moment clé pour la présidence Macron. Il a rappelé qu’à cette date, le président retrouvera certaines prérogatives, notamment la possibilité de censurer son gouvernement, mais qu’il devra également faire face à des défis politiques majeurs. Parmi eux, le congrès du Parti socialiste, qui pourrait renforcer les alliances à gauche, en particulier avec La France Insoumise.
Villepin a également évoqué la nomination de François Bayrou comme Premier ministre, qu’il qualifie de choix risqué et potentiellement problématique. « Le président est comptable de cet échec si François Bayrou ne parvient pas à mener à bien sa mission, » a-t-il averti, estimant que cette responsabilité pourrait peser lourdement sur la présidence en cas d’immobilisme politique.
Retour sur le parcours de Dominique de Villepin
Dominique de Villepin, ancien Premier ministre sous Jacques Chirac, reste une figure marquante de la politique française, notamment pour son rôle controversé lors de la crise du Contrat Première Embauche (CPE) en 2006. Destiné à faciliter l’embauche des jeunes de moins de 26 ans, ce contrat permettait aux employeurs de licencier sans justification pendant une période de consolidation de deux ans. Le recours à l’article 49-3 pour imposer cette réforme avait provoqué une mobilisation sociale d’ampleur, aboutissant au retrait du CPE et à une chute de popularité de Villepin.
Malgré cette période difficile, Dominique de Villepin a marqué les esprits par ses discours enflammés, notamment à l’ONU, où il s’était opposé à l’intervention américaine en Irak en 2003. Depuis son départ de la scène politique active, il est devenu une voix intermittente mais remarquée sur les enjeux nationaux et internationaux.
Une intervention qui reflète les tensions politiques actuelles
La critique de Dominique de Villepin à l’égard d’Emmanuel Macron reflète les divisions et les tensions qui traversent actuellement le paysage politique français. Si ses propos sur l’éventualité d’une démission présidentielle restent hypothétiques, ils illustrent un climat de défiance croissante envers le pouvoir exécutif. Ce discours intervient dans un contexte où la France fait face à des défis économiques, sociaux et diplomatiques majeurs, alimentant le débat sur la capacité de l’actuel président à redresser la situation.
En s’exprimant de manière aussi incisive, Dominique de Villepin s’inscrit dans une tradition gaulliste de critique de la fonction présidentielle lorsque celle-ci est jugée insuffisamment à la hauteur des attentes. Toutefois, cette intervention, largement axée sur les défaillances de l’actuelle présidence, laisse en suspens la question des alternatives possibles pour sortir de cette crise institutionnelle.