OPINION • L’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur, scellé le 6 décembre à Montevideo, illustre une réalité inquiétante : la souveraineté française est prise en otage par une Europe qui décide dans l’opacité et sans considération pour les intérêts nationaux. Malgré une opposition quasi unanime des forces politiques françaises et de nombreux acteurs de la société civile, la Commission européenne, sous la houlette d’Ursula von der Leyen, a démontré qu’elle seule tirait les ficelles.
Alors que la France traverse une crise politique et sociale sans précédent, cette signature résonne comme une humiliation supplémentaire pour un pays déjà affaibli sur la scène européenne. Emmanuel Macron, malgré ses proclamations, a été incapable de bloquer cet accord, renforçant l’idée d’une Union européenne où la voix des citoyens et des États membres est réduite à un murmure.
Un coup dur pour l’agriculture française
Pour les agriculteurs français, cet accord est une trahison. Le Mercosur permet l’importation massive de produits agricoles sud-américains souvent issus de pratiques incompatibles avec les normes strictes appliquées en France, qu’il s’agisse de bien-être animal, d’usage de pesticides interdits ou d’impact environnemental. Les syndicats agricoles, tels que la FNSEA, dénoncent un véritable « déni de démocratie » et une concurrence déloyale organisée par Bruxelles.
En France, les exploitants subissent déjà une pression économique et sociale colossale. Ce traité menace de les fragiliser davantage en ouvrant les portes à une concurrence qui n’a pas à respecter les mêmes règles. À cela s’ajoute l’irresponsabilité climatique d’un accord facilitant des échanges transatlantiques dont le coût environnemental est exorbitant.
Une Europe à contre-courant des enjeux climatiques
Alors que les discours politiques sur l’urgence climatique se multiplient, cet accord va à rebours des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le transport massif de marchandises entre l’Europe et l’Amérique du Sud constitue un non-sens écologique. Pire encore, le Mercosur, en soutenant l’expansion de l’agro-industrie en Amazonie, contribue indirectement à la déforestation massive, aggravant la crise environnementale mondiale.
L’Union européenne, par cette décision, démontre une fois de plus que ses priorités sont dictées par les intérêts des grandes puissances économiques, comme l’Allemagne, et non par ceux des populations ou de la planète.
Une démocratie bafouée
La manière dont cet accord a été finalisé pose une question fondamentale : qui décide pour la France ? Alors que les parlementaires français, toutes tendances politiques confondues, s’opposent à ce traité, la Commission européenne a agi en catimini, ignorant les appels à un débat démocratique.
Cette situation illustre une fracture profonde entre les institutions européennes et les citoyens. L’Union européenne, qui nous est vendue comme un projet démocratique, n’est en réalité qu’un outil au service des élites économiques, où les États membres, même les plus influents comme la France, ne jouent plus qu’un rôle de figurants.
Une France affaiblie sur la scène européenne
Emmanuel Macron, fragilisé politiquement, n’a pas su peser face à Bruxelles. L’opposition croissante à sa politique intérieure a laissé le champ libre à Ursula von der Leyen pour finaliser cet accord malgré les protestations françaises. L’annulation de sa venue à la cérémonie de réouverture de Notre-Dame, sous prétexte d’une « mauvaise communication », illustre le mépris de la Commission européenne pour les symboles français.
Cet épisode marque un tournant : la France, autrefois moteur de l’Europe, semble reléguée au rôle de spectateur impuissant, tandis que d’autres États membres imposent leurs priorités.
Une Europe à l’agonie démocratique
Face à la signature de l’accord du Mercosur, un constat s’impose : l’Union européenne n’a jamais été un projet démocratique. Conçue pour faciliter les échanges économiques et le pouvoir des grandes entreprises, elle a évolué en un mastodonte bureaucratique, éloigné des préoccupations des peuples qu’elle est censée représenter. Cette construction, pensée pour contourner les institutions nationales, permet aux élites économiques de négocier des accords et d’imposer des lois sans se soucier des choix exprimés par les citoyens des pays membres.
L’exemple du Mercosur est éclairant : malgré une opposition massive en France, tant de la part des agriculteurs que des forces politiques, la Commission européenne a ignoré ces objections pour servir des intérêts bien éloignés des préoccupations sociales ou environnementales. Loin d’être un espace de coopération entre nations souveraines, l’Union européenne s’affirme comme un outil de domination, où les décisions sont prises à huis clos, hors de portée des électeurs.
Réformer ou quitter : une impasse existentielle
Cette réalité soulève une question inévitable : peut-on sauver l’Europe de ses propres dérives ? Réformer l’Union pour en faire une structure véritablement démocratique semble être une entreprise titanesque, tant les institutions actuelles sont verrouillées par des traités favorisant les grandes puissances économiques et les technocrates. Donner plus de poids aux peuples supposerait une refonte complète des fondations de l’Union, un effort colossal qui semble irréaliste dans un contexte où les États membres peinent à s’entendre sur des sujets fondamentaux.
L’autre option, bien plus radicale, serait de rompre avec l’Union européenne. Sortir de cette machine qui sacrifie la souveraineté des nations au profit de la rentabilité économique pourrait offrir une voie pour regagner un contrôle démocratique sur les décisions nationales. Mais cette perspective, bien qu’alléchante pour certains, est aussi semée d’incertitudes, tant les interdépendances créées par des décennies d’intégration européenne rendent un tel choix complexe et coûteux.
L’Europe, un rêve brisé
Le choix est désormais entre deux voies : reconstruire l’Europe sur des bases démocratiques, ce qui semble presque utopique, ou s’en extraire pour redonner à chaque nation la capacité de décider de son avenir. Dans un cas comme dans l’autre, le statu quo n’est plus tenable. L’accord du Mercosur n’est qu’un symptôme d’un mal plus profond : une Union européenne incapable d’incarner les aspirations des peuples qui la composent.