INFORMATION • L’attaque sur le marché de Noël de Magdebourg a laissé l’Allemagne sous le choc. Un médecin de 50 ans, Taleb Al Abdulmohsen, a foncé sur la foule, causant plusieurs morts et de nombreux blessés. Pourtant, au-delà du drame humain, les motivations de l’auteur soulèvent des questions sur la montée de l’extrême-droite et des discours anti-islam en Europe.
Un acte d’une violence inouïe
Vendredi soir, un véhicule noir a traversé à grande vitesse les allées du marché, semant chaos et désolation. Bien que certains responsables politiques aient initialement évoqué un attentat islamiste, une enquête plus approfondie a rapidement écarté cette hypothèse. Les images de surveillance diffusées sur les réseaux sociaux témoignent de l’horreur du moment.
L’auteur, identifié comme Taleb Al Abdulmohsen, est un réfugié politique saoudien vivant en Allemagne depuis 2006. Pourtant, son profil ne correspond pas au narratif islamiste souvent avancé dans ce type d’événements. Au contraire, l’homme se présente comme un fervent opposant à l’islam et un militant proche de l’extrême-droite européenne.
Un militant anti-islam au parcours atypique
Taleb Al Abdulmohsen est loin d’être un inconnu pour ceux qui suivent les dynamiques de l’apostasie et des droits des ex-musulmans. Après avoir renoncé à l’islam et adopté l’athéisme, il a fondé en 2016 le site WeAreSaudis.net. Ce portail vise à soutenir les ex-musulmans, en particulier les femmes, dans leur quête d’asile et de liberté hors des pays du Golfe.
Ses positions fermement opposées à l’islam lui ont valu une certaine notoriété. En 2019, des médias tels que la BBC ont salué son travail, soulignant son engagement en faveur des droits humains. Mais derrière cette façade d’activiste se cachait une vision plus sombre : un rejet violent des structures politiques allemandes qu’il accusait d’encourager une « islamisation de l’Europe ».
Des liens profonds avec l’extrême-droite allemande
L’analyse de son activité en ligne révèle des accointances claires avec la droite radicale. Taleb Al Abdulmohsen était un partisan actif de l’AfD, un parti populiste d’extrême-droite, et entretenait des liens avec des figures controversées comme Martin Sellner ou Tommy Robinson. Sur X, il n’hésitait pas à partager des photomontages et des messages de haine, tout en saluant les positions anti-immigration de l’AfD.
Dans une publication de 2016, il déclarait vouloir lancer une « » en collaboration avec l’AfD. Lorsqu’on l’interrogeait sur ce choix, sa réponse était sans équivoque : « Qui d’autre combat l’islam en Allemagne ? »
Une rhétorique conspirationniste inquiétante
Les discours de Taleb Al Abdulmohsen, exacerbés dans des interviews récentes, illustrent une pensée conspirationniste alarmante. Quelques jours avant l’attaque, il affirmait que l’Allemagne poursuivait les ex-musulmans saoudiens pour les « détruire » et favoriser les islamistes. Il accusait également le gouvernement allemand de complicité avec les violeurs de femmes réfugiées et de pousser les dissidents à la toxicomanie.
Ces accusations, bien qu’infondées, ont nourri un ressentiment profond, exprimé dans ses publications en ligne. Dès 2023, il promettait une vengeance contre l’Allemagne pour les prétendues injustices subies par les réfugiés saoudiens. Une déclaration glaçante aujourd’hui rétrospectivement lourde de sens.
La manipulation des récits par l’extrême-droite
Malgré les preuves claires de l’idéologie de l’auteur, certains acteurs politiques et médiatiques ont cherché à détourner l’attention. Des figures comme Amy Mek, militante américaine d’extrême-droite, ont initialement qualifié l’attaque d’« attentat islamiste ». Ce récit, rapidement démantelé, montre la facilité avec laquelle certains exploitent de tels drames pour renforcer des discours haineux.
Cette instrumentalisation n’est pas un phénomène isolé. Elle illustre une tendance plus large à amalgamer immigration, islam et terrorisme, tout en occultant les violences perpétrées par des individus issus des mouvances d’extrême-droite.