Dominique de Villepin corrige Élisabeth Borne sur le plateau de France 2 au sujet de Gaza

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Tony HOUDEVILLE

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OPINION • Invité de l’émission Quelle époque sur France 2, Dominique de Villepin, ancien Premier ministre, a livré une analyse tranchante sur la situation en Palestine, appelant à la fin immédiate de la guerre dans la bande de Gaza. Rappelant sa tribune parue dans Libération le 21 novembre, il a souligné l’urgence humanitaire sur le terrain. La famine frappe durement la population civile, tandis que les journalistes et les ONG sont empêchés d’accéder à Gaza, rendant invisible l’ampleur des destructions et des souffrances causées par l’armée israélienne.

Dominique de Villepin n’a pas mâché ses mots : selon lui, les objectifs militaires d’Israël, notamment l’élimination de figures clés du Hamas, sont largement atteints. Cependant, il dénonce l’horreur d’une guerre asymétrique, où une population assiégée subit des bombardements incessants sans possibilité de fuir. Il insiste sur la nécessité pour la communauté internationale de rendre des comptes, citant les mandats d’arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) contre Benjamin Netanyahu et Yoav Gallant pour crimes de guerre. L’ancien Premier ministre a fustigé l’opacité des événements à Gaza, où les rares images disponibles proviennent souvent d’enfants de 13 ou 14 ans. Cette absence de couverture officielle, exacerbée par le ciblage des journalistes, contribue à l’impunité, estime-t-il.

Des divergences marquées avec Élisabeth Borne

Également présente sur le plateau, Élisabeth Borne a exprimé son étonnement face à la tribune de Dominique de Villepin. L’ancienne Première ministre a rappelé les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, qualifiées de barbares, pour justifier la position française. Tout en évoquant les efforts de la France pour appeler à un cessez-le-feu, elle a défendu la position française, soulignant que Paris avait initié une conférence internationale dédiée à l’aide à Gaza.

Pourtant, Villepin a balayé ces arguments avec une réplique acerbe : « On ne peut pas se contenter de bonnes paroles et de formules toutes faites. » Il a illustré l’insuffisance des efforts internationaux en rappelant qu’avant le 7 octobre, Gaza recevait jusqu’à 500 camions humanitaires par jour. Ce chiffre est aujourd’hui réduit à une cinquantaine, insuffisant pour subvenir aux besoins d’une population en détresse. Selon lui, les ONG confirment qu’une telle situation n’a jamais été observée auparavant.

Créer un État palestinien : une solution indispensable

Dominique de Villepin a également mis en avant une solution de long terme : la création d’un État palestinien. Pour lui, l’absence d’espoir pour le peuple palestinien depuis 1948 est le terreau de ce conflit. Il a dénoncé le manque de cohérence de l’Union européenne, qui, malgré les dispositions de l’article 2 du traité de l’UE sur le respect du droit international, ferme les yeux sur les mandats d’arrêt émis par la CPI contre les dirigeants israéliens. Cette inaction, d’après Villepin, illustre l’hypocrisie des puissances occidentales face aux violations du droit international.

En contrepoint, Élisabeth Borne a maintenu que la France, dans ce contexte difficile, agit avec détermination sur les questions humanitaires. Cependant, Dominique de Villepin a su capter l’attention en démontrant que des solutions existent, mais que l’inaction des grandes puissances et le choix de la violence par le gouvernement israélien aggravent la situation.

Un discours marquant dans un débat polarisé

L’intervention de Dominique de Villepin, marquée par sa clarté et sa critique acerbe, tranche avec le discours souvent plus nuancé des responsables politiques français sur le conflit israélo-palestinien. En mettant en lumière les choix politiques désastreux du gouvernement israélien et l’inaction de la communauté internationale, il a ouvert une brèche dans le consensus apparent. Face à Élisabeth Borne, il a incarné une voix différente, interrogeant les fondements même de la politique extérieure française.

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